"Photonique ou Cognac ? Pourquoi j’ai choisi la lumière, mais pas abandonné les vignes" par Clément RAIGNER (promo 2023)

Comment concilier héritage familial et passion pour la science ?

Une exploitation agricole, des hectares de vignes et de champs, des parents et grands-parents viticulteurs, une enfance rythmée par les saisons… Qui aurait pu prédire que mon parcours me mènerait vers la Photonique plutôt que vers les alambics ?

Pourtant, malgré mon attachement au terroir (cours d’œnologie, bivouacs en montagne, escapades à vélo sur les routes des vins), c’est l’appel de la science qui a été le plus fort. La Photonique, avec ses défis technologiques et ses applications infinies, a su éveiller ma curiosité et mon ambition. SupOptique a été le tremplin idéal pour explorer ce monde fascinant, où la lumière devient un outil de précision, d’innovation et de connexion.

Les vendanges : une parenthèse sacrée

Chaque année, à l’approche des vendanges, l’impatience me gagne. Ces trois semaines sont bien plus qu’une tradition : c’est un retour aux sources, une plongée dans l’univers familial et une école de résilience. Ici, pas de vendanges à la main comme dans les films – les machines ont pris le relais pour des raisons d’efficacité et de qualité. Mais l’exigence reste la même : s’adapter à la météo, vendanger de nuit si nécessaire, veiller à la propreté irréprochable du raisin…

L’ambiance n’est pas celle, festive, comme dans Ce qui nous lie, mais familiale, presque intime. Mes grands-parents, mes parents, mes frères, mes cousins… Tous sont là, unis par ce rituel annuel. Et puis, il y a ce petit plaisir simple : le goût du jus de raisin fraîchement pressé, un bonheur qui n’a pas d’équivalent.

Certains s’étonnent que je n’aie pas repris l’exploitation familiale. La question revient souvent. La réponse est simple : j’ai choisi de suivre ma curiosité, sans pour autant tourner le dos à mes racines. Ces trois semaines de vendanges sont une parenthèse précieuse dans mon quotidien d’ingénieur commercial, où les chiffres, les clients et les déplacements professionnels rythment mes journées. C’est un équilibre qui me correspond : allier innovation technologique et tradition, sans avoir à choisir.

Cet héritage, je ne le garde pas pour moi. Au contraire, j’aime le partager, faire découvrir le Cognac et comment le boire. Mais la transmission ne s’arrête pas là. Mon expérience viticole m’a appris des valeurs que j’applique au quotidien dans mon métier : la rigueur, l’adaptabilité et surtout le sens du relationnel. Savoir écouter, anticiper les besoins, créer du lien… 

Et puis, il y a ces petits moments de fierté : quand un collègue me demande des conseils pour choisir un bon Cognac. Je me souviens encore de cette semaine folle à 10 pour remporter les élections du BDE où l’on est venu travailler sur l’exploitation familiale. 

La Photonique et le Cognac ont beau sembler éloignés, ils partagent une même exigence : celle de la qualité, de la précision et de la passion. Alors pourquoi ne pas en faire un atout ?

Cultiver ses racines, éclairer l’avenir

Alors, Photonique ou Cognac ? En réalité, je n’ai jamais eu à choisir. Aujourd’hui, je vis cette dualité comme une richesse : celle de pouvoir naviguer entre deux univers, de m’inspirer de l’un pour mieux appréhender l’autre.

Mon parcours est la preuve qu’on peut être à la fois un ingénieur passionné par les technologies de pointe et un ambassadeur fier de ses origines viticoles. Alors oui, je continuerai à vendre des modulateurs électro-optiques le jour… et à vendanger le raisin la nuit. Parce que la lumière, qu’elle soit celle d’un laser ou celle d’un coucher de soleil sur les vignes, mérite d’être célébrée.